08 Mai Tribune – L’accord PS-LFI enterre le socialisme français
Dominique Villemot, président de Démocratie Vivante : « L’accord PS-LFI enterre le socialisme français »
TRIBUNE. Président de Démocratie Vivante, think tank de centre-gauche macroniste, Dominique Vivante juge que « l’accord conclu par le PS avec LFI constitue la fin du processus de disparition du socialisme français », qui n’aura « pas survécu à ses contradictions ».
Le score calamiteux de sa candidate à la présidentielle, Anne Hidalgo, et l’alliance conclue avec La France insoumise posent la question de la survie du Parti socialiste. Dans une tribune, Dominique Villemot, président de Démocratie Vivante, think tank de centre-gauche macroniste, juge que l’accord signé avec LFI marque « la fin du processus de disparition du socialisme français ». Voici sa tribune.
L’accord conclu par le PS avec LFI constitue la fin du processus de disparition du socialisme français qui a cherché pendant un siècle à réaliser l’union des deux gauches irréconciliables : l’anticapitaliste et la républicaine. La première s’est longtemps incarnée dans le Parti communiste, puis dans Jean-Luc Mélenchon ; la seconde dans le Parti radical, Pierre Mendès-France, Michel Rocard puis Emmanuel Macron.
À la fois républicains et anticapitalistes, les socialistes ont réalisé plusieurs fois l’union des gauches, mais au prix d’un équilibre périlleux. Après Léon Blum en 1936, François Mitterrand conclut en 1972 avec le PCF un programme d’inspiration anticapitaliste prévoyant les nationalisations. L’échec de 1981-1983 donna raison à Michel Rocard. En 1997, Lionel Jospin arriva au pouvoir à la tête de la gauche plurielle.
Le socialisme français se distingue de la social-démocratie car il n’accepte pas l’économie de marché
L’impossibilité de mener une politique socialiste dans une économie de marché conduisit à chaque fois la gauche à perdre les élections. La synthèse était en effet plus facile à réaliser dans l’opposition qu’au pouvoir.
Le socialisme français se distingue de la social-démocratie car il n’accepte pas l’économie de marché, fût-elle corrigée par l’État providence, ni le rôle des partenaires sociaux. La recherche du profit reste condamnable et les partenaires sociaux sont perçus comme représentants d’intérêts particuliers. Ainsi le gouvernement de Lionel Jospin a imposé les 35 heures à toutes les entreprises sans tenir compte de l’impact sur leur compétitivité et sans négociation.
La fonction unitaire du PS a commencé à se fissurer lors du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen, où il s’est divisé entre les partisans du oui et ceux du non.
À partir de 2012, François Hollande a pratiqué, avec Manuel Valls et Emmanuel Macron, une politique social-démocrate reposant sur des aides aux entreprises. Les frondeurs du parti ont fait sécession. De nombreux socialistes (Richard Ferrand, Gérard Collomb, Jean-Yves Le Drian, Christophe Castaner, Olivier Dussopt) ont tiré les leçons de l’impossibilité de faire coexister les deux gauches : ils ont quitté le PS pour rejoindre Emmanuel Macron et gouverner avec le centre-droit républicain et européen. Ils ont été rejoints cette année par Bertrand Delanoë, Élisabeth Guigou, Marisol Touraine et François Rebsamen.
Le socialisme français n’a pas survécu à ses contradictions
L’accord avec LFI constitue la fin du processus. François Mitterrand avait conclu un programme commun avec le PCF, mais il était en position de force, contrairement au PS d’aujourd’hui. Et il n’a jamais renoncé à ses convictions républicaines ni à son attachement à la construction européenne. Or La France insoumise a abandonné l’universalisme républicain pour le communautarisme et préconise la désobéissance aux traités européens, ce qui implique la sortie de l’Union européenne.
Le socialisme français n’a pas survécu à ses contradictions. Il gardera des élus locaux, mais, comme le PCF ou les radicaux de gauche, il ne jouera plus un rôle important au niveau national.
Il ne reste que la gauche républicaine, social-démocrate et européenne qui se retrouve derrière Emmanuel Macron, et la gauche communautariste, populiste et eurosceptique derrière Jean-Luc Mélenchon.
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