NON À LA COHABITATION - Démocratie Vivante
Démocratie Vivante est un think tank de gauche oeuvrant pour que le quinquennat d’Emmanuel Macron contribue au progrès social
16975
post-template-default,single,single-post,postid-16975,single-format-standard,ajax_fade,page_not_loaded,,qode_grid_1300,footer_responsive_adv,hide_top_bar_on_mobile_header,qode-content-sidebar-responsive,qode-child-theme-ver-1.0.0,qode-theme-ver-11.2,qode-theme-bridge,wpb-js-composer js-comp-ver-5.2.1,vc_responsive

NON À LA COHABITATION

NON À LA COHABITATION

pastedGraphic.png

Par Dominique Villemot

Jean-Luc Mélenchon, surfant sur les bons résultats de la nouvelle Union populaire du premier tour, fait campagne sur le thème « élisez-moi premier ministre ». C’est un slogan inexact juridiquement, puisque le premier ministre n’est pas élu par les Français mais nommé par le Président de la République. Mais ce slogan peut s’évérer juste sur le plan politique. En effet l’Assemblée nationale peut renverser le premier ministre nommé par le Président de la République via une motion de censure, comme cela est arrivé en 1962 quand l’Assemblée nationale a renversé le gouvernement de Georges Pompidou qui venait d’être nommé par le général de Gaulle. Donc si l’Union populaire obtenait la majorité absolue à l’Assemblée nationale, elle pourrait s’opposer à la nomination d’un autre premier ministre que Jean-Luc Mélenchon. Emmanuel Macron sera alors obligé de le nommer à Matignon. Rappelons que le Président ne peut pas démettre un premier ministre, mais il peut dissoudre l’Assemblée nationale. 

Quoiqu’en disent les commentateurs politiques, la Vème République est en effet un régime parlementaire : l’exécutif est sous la dépendance du Parlement, comme chez nos voisins européens, à la différence des Etats-Unis qui ont un régime présidentiel où le Congrès ne peut pas renverser l’exécutif. L’originalité du régime français réside dans le fait que l’exécutif a deux têtes. Comme dans les autres régimes parlementaires, le premier ministre est le chef du gouvernement et de l’administration et possède l’initiative des projets de lois. Mais le Président de la République dispose de pouvoirs dans les domaines de la politique étrangère et de la Défense nationale et surtout il est élu au suffrage universel, ce qui lui donne une légitimité démocratique certaine. De plus, la pratique du général de Gaulle dès 1958 consiste à donner la prééminence au Président de la République sur le premier ministre, sauf quand la majorité de l’Assemblée nationale lui est hostile. C’est alors ce qu’on appelle la cohabitation, situation que nous avons connue trois fois. 

En cohabitation la prééminence au sein de l’exécutif revient au premier ministre. Donc si la Nouvelle union populaire obtenait la majorité absolue à l’Assemble nationale, Emmanuel Macron nommerait Jean-Luc Mélenchon premier ministre et ce dernier pourrait appliquer son programme économique et social : retraite à 60 ans, sortie du nucléaire, hausses d’impôts…En revanche, la politique étrangère, la défense nationale et la représentation de la France aux conseils européens seraient partagées entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Les relations entre les deux têtes de l’exécutif peuvent alors s’avérer conflictuelles et affaiblir la position de la France. Cela a été parfois le cas lors de la première cohabitation de 1986-88, mais quasiment pas lors des deux suivantes. Entre 1997 et 2002 Jacques Chirac et Lionel Jospin ont pu décider d’un commun accord notre participation aux interventions militaires dans les Balkans et en Afghanistan et de ratifier le traité européen de Nice. Il faut dire qu’ils n’avaient pas de réelles divergences de vue sur la Défense nationale et la politique européenne.

Ce n’est pas le cas de Jean-Luc Mélenchon et d’Emmanuel Macron qui ont des vues radicalement opposées sur ces deux sujets. Le programme de la Nouvelle union populaire propose ainsi « La France insoumise proposera le retrait immédiat de la France du commandement intégré de l’OTAN puis, par étapes, de l’organisation elle-même. » Comment Emmanuel Macron pourrait-il accepter que notre pays sorte de l’OTAN, ce que même le général de Gaulle n’avait pas envisagé ? Et pire, sur l’Europe, ce programme indique « il nous faudra être prêts à ne pas respecter certaines règles. Du fait de nos histoires, nous parlons de désobéir pour les uns, de déroger de manière transitoire pour les autres. » Ne tournons pas autour du pot, ne pas respecter certaines règles de l’Union européenne, c’est, par définition, sortir de l’Union européenne. Européen convaincu, Emmanuel Macron n’accepterait jamais cela.

Clairement une cohabitation entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron serait conflictuelle et affaiblirait la France. Elle se solderait probablement par la victoire du Président de la République, comme lors des cohabitations de 1986-88 et de 1997-2002, car, pour les Français, le Président de la République est la clé de voute de nos institutions, comme le disait le général de Gaulle. Mais nous aurions perdu du temps et fragilisé notre pays.

Pour le bien du pays il faut donc dire non à une nouvelle cohabitation.         

Aucun Commentaire

Poster un commentaire